Invited Paper 1.1.
DANS LES DIFFERENIS PAYS Dr. H. HARRY
Président de la Société International de Photogrammetric (S.I.P.) Suisse
L’UNO a essayé, il y a quelques années, de donner un apercu sur l’érar de la cartographie è travers le monde et sur les bases géodésiques *. On estime que de la superficie globale des terres émergées (1’Antarctique non compris), tout au plus 50% sont cartographiés à I’échelle supérieure ou égale à 1:250 000, tout au plus 14% è l'échelle supérieure ou égale à 1:75 000 et tout au plus 4% èà l’échelle supérieure ou égale à 1:25 000. Si Pon ne tient compte que de bonnes cattes répon dant aux exigences de notre temps, la part estimés pour des cartes 1:75 000 se réduit à 2% des terres émergées et pour des cartes 1:25 000 à un pourcentage excessivement minime,
De telles constatations sont d’autant plus surprenantes depuis que, presque 40 ans, nous sommes de plus en plus persuadés que nous possédons avec la pho- i togrammétrie aérienne moderne un procédé cartographique de mensutation patti culièrement efficace. Si, à cété des cartes topographiques, nous considérons mainte nant les cartes è grande échelle, par ex. les cartes économiques du 1:10 000 au 1:2000 ou les plans cadastraux du 1:5000 au 1:500, le rapport de la superficie terrestre cartographiée comparée à l’extension du sol cultivable se rétrécierait è une grandeur dispataissant presque complètement. Le monde photogrammétrique a encore ainsi devant lui un champ d’application gigantesque pour sa méthode mo derne de mensuration; on sourit aujourd’hui en évoquant que 30 à 40 ans en arrière, la production d’équipements photogrammétriques aériens et la formation de spécialistes-photogrammètres aient pu étre considérées comme une « affaire » risquée. Quiconque arrive à se faire une juste idée du voluzze de travail en perspec five, comprendra que des spécialistes éminents s’efforcent de petfectionner davan tage les procédés de photogrammétrie, quoique ceux-ci aient déjà atteint un haut degré de développement, en vue d’une production carttographique encore plus rationnelle et rapide. Ils voient la photogramméttie sous un nouveau aspect et abordent les problèmes en partant de la nouvelle technique d’information et de la physique moderne. ! United Nations (Dept. of Social Affairs), Modern Cartography, Base maps for world needs, ì New York 1949.
L’état et l’intensité de la cartographie de la superficie terrestre varie d’un pays à l’autre, car il dépend du degré de développement économique, de la rente fon cière, du niveau technique et scientifique du pays, du droit réel plus ou moins développé. En outte, les besoins en travaux cartographiques photogrammétriques augmentent continuellement dans chaque pays avec l’aftermissement économique progressif et le développement culturel. A peine le levé de la carte topographique 1:50 000 est il en route qu'on demande d’urgence une carte économique 1:5 000; dà au développement économique correspondant du pays, on peut s’attendre avec certitude que 20 à 30 ans plus tard, un cadastre de propriété 1:2 000 cu 1:1 000 sera exigé. Ces besoins sporadiques dis au développement économique comportent le grand danger que sur une période assez longue des ttavaux partiels soient com mencés indépendemment les uns des autres par les divers ministères et offices d’administration du pays, travaux qui auraient pu étre exécutés d’une facon beau coup plus rationnelle en liaison les uns avec les autres, bien que souvent éche lonnés dans le temps. Dans le levé topographique, photogrammétrigue et cattogra phique qui, dans son ensemble, sera toujours pour le pays le levé statistique le plus vaste et demandant le plus de temps, il doit exister une plarnificazion è longue échéance dont l’observation assurera l’exécuzion la plus rationnelle des grands travaux. A còté du perfectiorinement des procédés photogrammétriques, un gain de temps considérable peut aussi étre obtenu par une ‘planification bien concue et strictement obsetvée. Il peut ainsi s’avérer utile de procéder, d’un cété, à la confection de photoplans dans une zone encore peu développée, d’un autre còté, à un cadastre de propriété de haute qualité 1:1000 dans une zone d’habitat et d’industrie è haut développement économique, sous condition que ces entreprises distinctes fassent partie d’une planification globale prévoyant le levé le plus ra tionnel du pays. Tous les travaux cartographiques photogrammétrique effectués au cours d’une assez longue pétiode, depuis Ia carte 1:100 000 jusqu’à la mensura tion urbaine 1:500, doivent avoir des composantes communes: la planification glo bale, le système uniforme de projection, le point d’altitude zéro, la triangulation commune, les prises de vues aériennes pouvant servir, si possible, à des buts mul tiples. Une fois que les divers travaux de photo-interprétation et de mensuration effectués au cours de ces différentes périodes se fondent, comme les éléments d’une mosaique, en une image totale harmonieuse, le but de la planification, soit la solution la plus rationnelle de la tàche énorme du levé intégral du pays sera atteint. La planification qui comprend naturellement aussi l’organisation préalable des entreprises individuelles, et le choix des méthodes et du matéril, est sans aucun doute la tàche la plus captivante de l’ingénier de planification possédant une solide formation théorique et pratique. L’ingénieur de planification se trouve de nos jours, dans sa recherche et construction de la plus tationnelle, dans le champ d’activité beaucoup plus vaste d’il y a quelques années car, à còté des procédés géodésiques classiques, il dispose aujourd’hui de la protographie aérienne, de — Laérotriangulation, de la mesure électronique des longues distances, de tout l’éven tail de la photogrammétrie, de la technique moderne d’infotmation et du calcul électronique, de toute une série de moyens d’automation allant jusqu’à la confection des cartes et plans. L’économie politique dispose-t-elle d’un nombre suffisant d’ingénieurs de planification possédant une formation géodésique-photogrammétri
que-cartographique, les connaissances dans les sciences modernes et capables | d’effectuer convenablement une bonne planification? Ce n’est probablement pas le cas, car un coup d’oeil dans cettains pays montre encore souvent la juxtaposi tion indépendante de travaux distincts, des « royaumes » multiples dans le méme pays, où l’on règne et travaille séparément. Cette constatation ne conduit cer tainement pas à souhaiter la centralisation car méme dans les grandes entreprises centrales, on développe facilement des « rovaumes » individuels. Elle conduit au contraire è la coordination è la suite d’instructions émanant d’une planification bien concue. Selon les particularités et la tradition du pays, il est ainsi bien possi ble que par ex. des bureaux topographiques et protogrammétriques privés décen tralisés — voire étrangers — collaborent avec les offices de l’Etat au levé du pays, «le tout étant maintenu ensemble grace à la planification et la coordination.
Il est à prévoir qu'il est è veiller è la formation d’ingénieurs de planification.
Les candidats à une telle formation ne sont certainement pas des jeunes étu diants de géodésie mais une élite d’ingénieurs topographes ou photogrammètres qualifiés qui, gràce à leur solide formation thorique acquise è Ecole Universitaire et leur connaissance des procédés classiques et les modernes appliqués en pratique, seront les mieux préparés pour l’exécution d’une planification. Il s’agit d’une éducation « post-graduated ». Si j'étais roi, je formerais un #rès grand nombre de gens doués du sens pratique et consciencieux, comme techniciens, pour le mesurage, le dessin et des opérateurs pano la restitution aux appareils photo grammétrique, un grand nombre de jeunes gens comme ingénieurs de mensuration dns les Ecoles Universitaires où seront également traitées les nouvelles techniques d’automation et finalment un petit nombre d’ingénieurs de géodésie capables, à solide expérience pratique, comme ingénieurs de planification. Il me semble que seul celui a d’abord joué sur l’instrument dont les cordes vont de la mesure de l’arc de méridien d’EFratosthènes à la photogrammétrie analytique automatisée, puisse devenir un bon ingénieur de planification. Un plan directeur ne peut pas étre établi indépendamment des besoins agricoles, forestiers, hydrographiques, géologiques, des problèmes de la circulation, del ’habitation et de l’urbanisme, de la nécessité d’inventorier les ressources naturelles et de protéger les droits récels. Ce fait démontre l’ampleur de la formation nécessaire pour la planification.
Les opérations ayant un caractère de priorité absolue d’un plan d’ensemble sont fort différentes suivant qu'il s’agit d’un pays jeure dont l’intérét économique s'est révélé récemment ou d’un pays industrialisé et è haut développement. Si l'on veut considérer le travail de relèvement photogrammétrique nécessaire et demandé dans les différents pays, il faut voir ces deux cas séparément.
Les pays jeunes doivent créer les supports indispensables à l’inventaire des ressources naturelles. Les pays possédant déjà une carte topographique d’ensemble, peut-étre à l’échelle 1:250 000, 1:200 000 ou méme 1:100 000, seront très avan tagés, ce qui n’émpéche pas qu’ils oublient de se montrer reconnaissant à ceux qui leur ont donné cette oeuvre cartographique. La plupart des pays jeunes ne possè- dent aucun levé régulier et leur développement exige l’établissement rapide d’une ‘carte générale è petite échelle, en appellant ainsi, par convention, toute carte dont l’échelle est égale ou inférieure au 1:50 000. Outre cela, tous les pays jeunes ont besoin d’urgence d’une représentation du sol è une échelle plus grande pour fixet
zone par zone l’inventaire plus détaillé des ressources. La tàche prend tout de suite une ampleur désespérante. Les levés généraux et détaillés comme ils sont exposés dans les manuels photogrammétriques sont trop lents en régard aux ur gences et trop onéreux. Il faut, au contraire, dans les délais les plus courts et avec des moyens souvent limités, doter l’ensemble du pays d’une carte générale è petite échelle. et les zones du developpement économique urgent d’une représentation è grande échelle.
Les méthodes de /evé des cartes à petites échelles par voie photogrammétrique ont subit depuis quelgue temps une évolution au point de vue de leur efficacité, surtout quant à l’accélération, sans recours à la triangulation classique, ni méme à l’aérotriangulation, gràce au progrès des objectifs de prise de vues, aux dispo sitifs pour l’orientation des chambres aériennes (statoscope, périscope solaite cham bre d’horizon, gyroscope, stabilisateur automatique etc.), des instruments de me sure électronique des distances, gràce au perfectionnement des émulsions photo graphiques et du matériel de restitution, p. ex. chambres super-grand-angulaires. Il devrait en résulter dans les années à venir une accélération sensible du levé des cartes à petite échelle et une réponse plus satisfaisante aux pays jeunes.
Malgré cette accélération l’économie public de l’un cu l’autre des jeunes pays ne supporteta pas une perte de temps causée par l’établissement d’une carte è petit échelle comme moyen d’orientation et comme support des constatations et perceptions. Mais qu’est-ce que nous empéche dans ce cas-là de travailler, dans une première phase, avec une simple couverture photographique à petit échelle, avec les moyens de photointerprétation et d’identification? Je pense, l’orgueil du photogrammètre de reconnaître seulement ce qui est produit d’une machine de restitution moderne ne corresponde pas toujours aux problèmes des jeunes pays. En photogrammétrie, photographie aérienne et photointerprétation nous disposons aujourd’hui d’un tel riche champ de jeu qu'il sera toujours und tàche très attrayante de l’ingénieur de planification indépendant de donner la bonne réponse è la question du jeune pays.
Les méthodes et procédés pour l’établissement des carfes ef plans è grande échelle sont en usage aussi dans les pays jeunes et sont désirés pour inventoriet en détail les ressources naturelles. Mais il poutta souvent arriver que les nécessités économiques ne conviendront pas aux délais pour le levé perfectionné d’une carte économique 1:5 000 combinée avec des plans 1:5 000 ou 1:2 000 pour un cada stre de proprieté. Pour sortir de la difficulté, il faut travailler peut-étre pendant une assez longue période avec les phozos aériennes agrandies è une échelle conve nable. Dans tous les cas, on a d’identification. Ceux qui ont travaillé dans le do maine du cadastre de propriété savent qu’une grande partie des informations du plan cadastral peut étre donnée aussi par l’agrandissement photo-aérien, identifié sur le terrain en présence des propriétaites. Au cadastre, la stireté des perceptions est plus important qu’une exactitude géodésique exaltée. Pour l’établissement des cartes économiques et des plans cadastraux on dispose aujourd’hui de l’ortho-photo graphie qu’on limiterait raisonnablement aux grandes échelles. Il est fort probable que l’orthophotoplan identifié sur le terrain jouera un grand réle dans les levés cada sttaux des pays jeunes.
Plus le développement économique et culturel d’un pays jeune est retardé,
plus les politiciens demandent les méthodes de travail les plus récentes: c'est une expérience faite dans le domaine de l’aide technique. Le cas se présente souvent qu’ils demandent par prestige une automation poussée. Il faut leur faire compren dre qu'ils ne souffrent pas d’une main-d’oeuvre rare et codteuse, que leur jeune génération doit recevoir une formation culturelle et technique pour maîtriser une technique n’étant pas trop compliquée, que les automates électroniques sont sou vent des perturbateurs délicats qui se mettent en grève jusq’à ce que le spécialiste ait fait le voyage pour étre sur place. L’aide pour un pays jeune aurait peu de sens si les spécialistes venus d’un pays industrialisé servaient les automates pendant que les jeunes générations indigènes resteraient dans le ròle de spectateurs sans comprende. Et quand les experts étrangers sont partis, les équipes indigènes bien | formées doivent continuer l’oeuvre: le service séodésique et cartographique du pays étant une tàche continuelle. Dans des pays jeunes, ce sont les propres ingénieurs et techniciens qui doivent faire les travaux géodésiques — photogrammétriques — cartographiques, l’aide de lextérieur ne devant intervenir que pour que le tout soit plus vite accompli.
Dans les pays développés et industrialisés, le relèvement photogrammétrique nécessaire et demandé est poussé plutàt vers des spécialités. Dans plusieurs pays, il y a des entreprises photogrammétriques privées qui ont déjà fait preuve d’une accommodation souple aux exigences de la technique d’aujourd’hui. La carte topo graphique à petite échelle existe normalement; si le plan topographique è I’échelle 1:10 000 ou 1:5 000 servant de base pour toutes sortes de projets du génie civil, de l’agriculture et sylviculture, pour le plan d’extension et pour toutes sortes d’usages fait encore défaut, les photogrammètres sont à féliciter d’avoir encore une magnifique tiche devant eux. La topographie à l’échelle 1:5 000 est la tàche appropriée se prétant particulièrement bien è la photogrammètrie aérienne d’au jourd’hui. Si le besoin et la planification le permettent, il sera très avantageux de combiner la topographie à grande échelle avec les travaux cadastraux. Le levé par. photogrammétrie d’un cadastre économique, fiscal, juridique ou d’un cadastre servant à plusieurs buts sera développé vers une perfection, à condition que toutes les opérations soient soumises à une organisation préalable bien réfléchie et que cette planification soit observée par tous les opérateurs avec une discipline absolue de facon qu’on ne puisse guère reculer devant cette application très importante de la photogrammètrie moderne en pays très développés. La facilité d’adaptation de la restitution è l’enregistrement direct, la généralité d’emploi et la rapidité des calculateurs modernes a fait le pont de la photogrammétrie aux procédés classi ques, le pont du cadastre photogrammétrique à toutes sorttes d’auttes mensura tions. Le chiffre, les coordonnées, les méthode numériques font le langage com mun non seulement avec les calculattices et avec les autres entreptises de mensura tion et de piquetage, mais aussi avec toute opération de mise à jour. Très souvent, les pays, disposent d’un cadastre de la fin du siècle passé, et comme la création d’une nouvelle oeuvre cadastrale sera pour notre temps une tàche énorme et trop onéreuse, il s’agit de valoriser l’ancien cadastre, de le mettre en relation avec les services de mensuration modernes. Les méthodes numériques de la photogram métrie, les possibilités d’aujourd’hui de la creation d’un canevas d’appui à grande échelle donnent lieu-à plusieurs solutions avantageuses et économiques. On cons
tate que le travail de l’ingénieur de planification n’est pas moins important dans les pays développés que dans les pays jeunes. |
En général le relèvement photogrammétrique dans les pays développés est dirigé par des besoins vers les levés à grande échelle et vers les méthodes numé- riques et analytiques. Les forces motrices sont l’accroissement de la population et tous les aspects économiques, culturels, de citculation, de l’habitation d’une population’ devenant toujours plus dense sur un sol qu'on ne peut pas agrandir. Il en suit des problèmes techniques à résoudre d’urgence, et les solutions ne permettent plus de détourner les yeux de la photogrammétrie moderne. Et toute cela souvent sous un manque de personnel technique suffisament formé. Ce sont les données qui nous disent de vivre 4vec et ne pas contre les automates.
L’application de la photogrammétrie aérienne pour les projets d’autoroutes et le piquetage des travaux du génie civil a introduit un nouvel aspect: l’établisse ment du projet è l’aide du modèle stéréoscopique è l’appareil de restitution en utilisant l’espace qu'on maîtrise dans son bureau en coordonnées et altitudes. Il est possible que cette nouvelle méthode de création de projets du génie civil prend place aussi dans la photogrammétrie urbaine. Beaucoup de villes en Europe centrale possèdent, è còté de plans topographiques 1:2000, 1:5 000, 1:10 000, un cada stre perfectionné donnant des coordonnées et altitudes exactes, des points fixes et des points de limite. Dans ces villes on n’a jusqu’ici pas senti le besoin de se servir de Ia photogrammétrie pour l’étude et la solution des problèmes d’urbani sme, abstraction faite des photoplans pour traiter les analyses de circulation ou pour donner des vues d’ensemble des zones de la ville surtant à l’usage des profanes. {1 se peut que les possibilités métrologiques offerttes par le modèle photogrammé- crique ouvrira aussi un champ d’application à la photogrammétrie dans ces villes favorisées.
Le travail de relèvement photogrammétrique dans les différents pays dont on a pu esquisser ici seulement quelques aspects, montre une diversité énotme due au développement récent de la photogrammétrie en qualité et en accroissement des champs d’application. C'est l’ingénieur de planification qui a la possibilité d’étu dier les applications et d’organiser le relèvement photogrammétrique d’un pays pour arriver au meilleur service l’economie publique du pays. Je pense que les recettes des routiniers n’ont pas de grand valeur. L’organisation du relèvement photogrammétrique d’un pays est toujouts l’oeuvrte cr’attice de l’ingénieur de pla nification.